Coach de vie Féministe en affirmation de soi, à Marseille et en Ligne

J’accompagne les femmes et minorités de genre à s’affirmer avec confiance, poser des limites claires et respecter leurs besoins, sans culpabilité.
Coach de vie Féministe en affirmation de soi, à Marseille et en Ligne

J’accompagne les femmes et minorités de genre à s’affirmer avec confiance, poser des limites claires et respecter leurs besoins, sans culpabilité.

C'est plus facile d'avoir confiance en soi quand on a le pouvoir


1) Confiance en soi : ce qu’on ne te dit pas

Si tu lis des livres ou que tu suis des comptes de développement personnel, tu as sûrement remarqué qu’on parle souvent de la confiance en soi comme d’un “super-pouvoir”. Un truc que tu pourrais développer uniquement par ta volonté, en répétant des affirmations ou en pratiquant des exercices.

Ce discours, très centré sur l’individu, omet une chose essentielle : la confiance en soi n’est pas qu’une affaire personnelle. Elle est traversée par des rapports sociaux et des obstacles plus ou moins visibles. Bref, elle n’est pas neutre et n’est pas accessible à tous.tes avec autant de facilité. (lien avec le post sur la méritocratie)

Se poser la question de la confiance en soi d’un point de vue plus systémique, c’est prendre de la hauteur pour se demander :

  • Qui peut vraiment se permettre d’être confiant.e dans notre société ?
  • Quels privilèges ouvrent la porte à plus de confiance ? Et quelles oppressions fabriquent du doute (grossophobie, sexisme, racisme, LGBTQIA+phobies, validisme, classisme, etc.) ?
  • Quels contextes encouragent la confiance, et dans lesquels est-on au contraire rappelé.e à “notre place” ?
  • Quelles injonctions pèsent plus lourd sur certains groupes que sur d’autres ?

Cet article ne prétend pas répondre à ces questions en profondeur. Mais les poser permet déjà d’aborder le problème de la confiance en soi sous un nouvel angle.  

Cet article est une première invitation à lier l’intime (ce que tu ressens quand tu doutes de toi) au politique (les rapports de pouvoir qui fabriquent ces doutes).

Il ne s’agit plus seulement de se dire “J’ai pas confiance en moi, il faut que je travaille dessus” (vision individualiste) mais de se demander aussi “Si je doute autant, est-ce uniquement moi ? Ou est-ce le résultat d’un système qui m’apprend à douter ?” (vision systémique) 

Si tu ne te reconnais pas dans le manque de confiance en soi, que tu es persuadé.e que c’est une question de volonté, ou que tu n’as jamais questionné ce sujet, cet article risque de piquer un peu. Mais c’est souvent en allant regarder là où ça pique qu’on avance, pour soi et pour les autres.

Et si, au contraire, tu te bats avec le manque de confiance depuis longtemps : ce n’est pas ta faute et tu n’as pas à avoir honte. J’espère que cet article t’apportera un brin de déculpabilisation, d’autocompassion et, pourquoi pas, une envie de changement (rien que ça !).

2) La confiance en soi, à quoi ça fait référence ?

La confiance en soi, c’est la capacité à croire en ses compétences et à se sentir légitime d’agir.

Quand elle nous manque, elle peut nous pousser à :

  • nous comparer sans cesse aux autres,
  • douter de notre valeur,
  • éviter de prendre la parole,
  • ne pas saisir des opportunités par peur de l’échec,
  • ou encore dire “oui” alors qu’on voudrait dire “non”, par peur de décevoir d’être rejeté·e, ou de ne plus être aimé·e.

À l’inverse, avoir confiance en soi permet d’oser :

  • prendre sa place dans des groupes, 
  • essayer de nouvelles choses,
  • s’exprimer sans peur de déranger ni sans écraser,
  • défendre ses besoins et ses limites en respectant ceux des autres,
  • se lancer dans des projets ou des décisions qui comptent vraiment.

La confiance en soi est intimement liée à l’estime de soi et à l’affirmation de soi. Si tu veux creuser les différences, je t’en parle plus en détail dans cet autre article.

La confiance n’est pas juste dans ton caractère

La confiance en soi dépend de nombreux facteurs dont :

  • Nos expériences passées : encouragements ou humiliations, d’événements qualifiés jugés comme “réussites” ou “échecs”.

  • Notre éducation : est-ce qu’on nous a appris à prendre la parole, ou à rester discret.e?

  • L’environnement social et professionnel : sommes-nous entouré.es de personnes qui nous soutiennent ou qui nous rabaissent ?

  • L’influence des médias : qui nous disent qui mérite d’être valorisé.e, aimé.e, reconnu.e.

  • Le statut économique : avoir ou non les ressources pour prendre des risques change beaucoup de choses.

Mais aussi, elle dépend des rapports sociaux et de la place qu’on occupe dans la société.

Est-ce que je me rapproche ou non des normes dominantes (globalement : un homme blanc cisgenre hétérosexuel valide et riche) ? Est-ce que je suis minorisé.e, discriminé.e, invisibilisé.e ?

La confiance en soi est située

Je peux être à l’aise pour défendre mes idées dans un groupe de proches

et me tétaniser dans un groupe où peu de personnes me ressemblent ou partagent mon expérience.

Je peux être sûr.e de moi avec des collègues qui partagent mes valeurs,

 et intimidé.e par des personnes qui me jugent sur mon accent, mon genre ou mon apparence.

Je peux être sereine pour prendre la parole dans un groupe de femmes

et me sentir déstabilisée dans un cadre majoritairement masculin.

Parce que la confiance en soi ne dépend pas seulement de qui je suis, mais aussi de : où je suis, avec qui, et face à quel rapport de pouvoir.

3) Confiance & rapports sociaux : le doute fabriqué et la confiance permise. 

Le doute est produit par le contexte

Le manque de confiance en soi n’est pas seulement un blocage personnel. C’est aussi un blocage fabriqué par le système dans lequel on vit.

  • Les femmes qui s’excusent avant même de donner leur avis en réunion… et qu’on interrompt et remet en question plus souvent.
  • Les personnes en situation de handicap dont on ignore les besoins.
  • Les personnes issues de milieux populaires qui n’osent pas s'exprimer dans certains espaces "académiques".
  • ...

La confiance liée à une permission sociale

Alors pendant ce temps d'autres :

  • Pensent pouvoir piloter un avion (tiens donc !)
  • Jugent utile d’expliquer à des femmes ce qu’elles savent déjà (comment elles doivent prendre soin de leur corps, ou faire leur métier, par exemple).
  • Sont considérés spontanément comme plus compétents et sont facilement convaincu.es d’être à leur place.
  • Monopolisent l’espace public en réunion, dans la rue, ou dans les débats en parlant plus, plus fort, plus longtemps et en invisibilisant d’autres personnes ou groupes sociaux.

Le doute et le manque de confiance ne sont pas seulement dans ta tête. Ils sont produits et entretenus par un système qui hiérarchise les voix, les corps, les expériences, les existences. 

C’est plus facile d’avoir confiance en soi quand on n'a jamais eu à se battre pour pouvoir exister et avoir une place dans cette société.

Ton doute, il vient vraiment de toi ? Ou bien est-il fabriqué par le contexte ?

On admire souvent les personnes hyper confiantes… mais leur assurance n’est pas qu’une qualité individuelle : elle est permise, encouragée, entretenue. Alors, faut-il bannir le doute pour leur ressembler ? 

4) Doute : et si ce n’était pas qu’un défaut ?

On pourrait même aller plus loin et se demander si ces personnes très confiantes doutent assez ?

On est nombreux à avoir intégré le doute comme un problème. En réalité, c’est aussi une ressource. Le doute donne de l’info, permet de se remettre en question, d’ajuster ses choix en fonction du contexte, de tenir compte de l’autre, de détecter un rapport de force ou une injustice qu’on subit ou pourrait faire subir.

Le doute est aussi une forme d’humilité. Il rappelle qu’on n’est pas seul.e sur cette planète et permet de tenir compte de l’autre AUSSI.

Si toutes les personnes privilégiées doutaient un peu plus, le monde se porterait sûrement un peu mieux.

Le vrai enjeu

C’est d’apprendre à distinguer :

  • le doute utile, qui informe et questionne,
  • du doute toxique, fabriqué par un système qui nous fait croire qu’on n’est “jamais assez”.

Questions pour avancer

  1. Que ferais-tu si tu avais confiance aujourd’hui ?
  2. Où te montrerais-tu vraiment toi-même ?
  3. Qu’est-ce que ça changerait dans tes relations, tes décisions, ton regard sur toi, tes projets ?

Puis demande-toi :
Quand est-ce que je n’ose pas ? Face à qui ? Dans quel contexte ?
Est-ce vraiment une affaire personnelle ou est-ce lié à un rapport de pouvoir (réel ou supposé) ?


Prendre conscience de ça pourra sûrement t'alléger d'une bonne dose de culpabilité et ouvrir de nouvelles pistes d’actions.

Le vrai enjeu, ce n’est pas d’effacer le doute mais d’apprendre à reconnaître quand il est une ressource… et quand il est le produit d’un système qui cherche à nous maintenir à notre place.

Alors, que faire concrètement ?

5) Pistes de solutions individuelles & collectives

“Travailler sur soi” peut avoir du sens, mais en s’arrêtant là, on entretient l’illusion que tout dépend de nous. Si la confiance en soi n’est pas qu’une affaire personnelle alors les solutions ne peuvent pas être qu'individuelles. 

Bien entendu, ces pistes de réflexion sont loin d’être exhaustives et parfaites, mais elles se veulent comme des pistes possibles à approfondir.

1. Individuelles

  • Agir par toutes de toutes petites actions : poser un petit “non”, demander une clarification, prendre la parole. Le but n’est pas de devenir confiant.e d’un coup, mais d’accumuler des expériences qui déplacent peu à peu ton curseur. Car la confiance se renforce par le passage à l’action.
  • Journal de preuves : noter toutes ces petites actions que tu as osées. Ça ancre la confiance dans du concret. Si le monde ne te renvoie pas que tu es légitime, alors tu peux te redonner toi-même cette légitimité.
  • S’entraîner et se préparer : écrire à l’avance ce qu’on veut dire, tester des formulations et commencer dans un lieu et avec des personnes avec lesquelles on se sent en sécurité. Tu pourras progressivement déplacer ces apprentissages dans des contextes plus difficiles.
  • Déculpabiliser : remplacer l’autoflagellation par une bonne dose d’autocompassion, en te rappelant que le manque de confiance en soi n’est pas qu’un problème individuel et qu’il dépend aussi du contexte et des privilèges de chacun.e.
  • Suivre un accompagnement individuel : trouver des clés de soutien, un lieu d’écoute, d’échange et des outils adaptés.
     

Et en coaching ?

  • X  On ne nie ni ton vécu ni ton ressenti.
 On ne te dit pas que “tout est dans ta tête” ou que c’est juste une question de volonté.
V  L’idée, c’est de sortir de la culpabilité en prenant ta juste part de responsabilité, ni plus ni moins.

Concrètement, ça peut vouloir dire :
- Cartographier où et quand ta confiance monte ou chute.
  • - Identifier quand c’est toi qui doutes… et quand c’est le système qui te fait douter.
- Avancer par micro-défis : t’exercer à demander, poser tes limites, donner ton opinion…
- Envisager des plans de soutien (allié.es, ressources, professionnel.les de santé…).

On ne fait pas disparaître le manque de confiance et la peur en un claquement de doigts. Mais on apprend à ne plus les laisser piloter les moindres détails de sa vie.

2. Collectives

Il s’agit notamment de s’attaquer au système de domination qui permet la confiance excessive de certain.es (cf : ces hommes qui pensent pouvoir piloter un avion) tout en maintenant d’autres dans le doute.

  • Espaces de soutien et entraide : créer ou rejoindre des espaces non-mixtes, de soutien entre pairs. L’effet miroir est puissant : voir qu’on est pas seul.e, trouver des espaces où être pleinement soi renforce collectivement l’idée qu’on est légitime, à notre place et que notre voix compte.
  • Changer les représentations : soutenir et rendre visibles les voix minorisées dans les médias, la culture, l’éducation… Choisir qui on lit, qui on écoute, qui on soutient sur les réseaux sociaux, c’est une action politique qui déplace la légitimité. Plus la diversité de modèles est visible, plus l’espace pour la confiance s’élargit.
  • Engagement collectif : nommer les rapports de domination, signaler les comportements transphobes/sexistes/racistes/grossophobes (par exemple, au travail), s’investir dans des collectifs, syndicats, associations...

Conclusion

La confiance en soi n’est pas neutre. Le manque de confiance n’est pas qu’un blocage personnel.

Les personnes privilégiées y accèdent plus facilement, parce qu’elles se rapprochent de la norme dominante et bénéficient d’une légitimité sociale à être, dire, faire. Pendant que d’autres finissent par se culpabiliser : “Si je n’ai pas confiance en moi, c’est que je n’ai pas assez travaillé sur moi.”

Alors oui, travailler sur sa confiance est utile à l’échelle individuelle. Mais n’oublions pas que la confiance en soi est politique. Chacun.e peut, à sa manière, contribuer à bousculer les structures qui fabriquent le manque de confiance en soi, le doute, la vulnérabilité. Et toi ?