Coach de vie Féministe en affirmation de soi, à Marseille et en Ligne
J’accompagne les femmes et minorités de genre à s’affirmer avec confiance, poser des limites claires et respecter leurs besoins, sans culpabilité.
Coach de vie Féministe en affirmation de soi, à Marseille et en Ligne

J’accompagne les femmes et minorités de genre à s’affirmer avec confiance, poser des limites claires et respecter leurs besoins, sans culpabilité.

Quand on veut, on peut... ou pas !


Développement personnel et méritocratie : un mythe culpabilisant

"Quand on veut, on peut" est probablement une des idées les plus véhiculées dans le milieu du développement personnel. Et peut-être celle qui me pique le plus les oreilles.

Enfin, du moins, aujourd’hui.

Parce que j’ai aimé y croire. Parce que j’ai évolué dans un environnement relativement privilégié : je suis blanche, sans handicap, avec une bonne santé mentale, j’ai fait des études, je parle bien la langue dominante…

Et dans ce contexte, oui : “quand on veut, on peut” a parfois fonctionné.

C’est plus tardivement que j’ai pris conscience que ce type d’injonction sonnait faux. Et encore plus faux pour les moins privilégié·es d’entre nous. Et s'il ne s'agissait pas que d'une question de volonté mais d'accès à des ressources, du temps, de la reconnaissance, des espaces sécurisants?

Aujourd’hui, je crois qu’il est urgent de déconstruire cette croyance, dans le milieu du développement personnel et notamment dans le coaching.

Parce que non :

  • Tout ne dépend pas uniquement de ta volonté.

  • Tu n’es pas responsable de tout ce qui t’arrive.

  • Le développement personnel ne devrait pas être un outil pour mieux te conformer.

Le but de cet article n’est pas de juger celleux qui prônent ou adhèrent encore à cette vision méritocratique – La plupart du temps, je sais que l’intention est d’encourager, motiver, pousser à agir – mais de prendre conscience de la part toxique de cette croyance, même si ça part d’une “bonne intention”.

Cet article sera sûrement inconfortable à lire pour certain·es.

Mais aussi et surtout très déculpabilisant pour d’autres, du moins, je l’espère.

La méritocratie : un idéal séduisant…

La méritocratie repose sur une promesse simple : Travaille dur, crois en toi, et tu réussiras. Ta réussite dépendrait de ta volonté et ton travail. Sauf que nos chances ne sont pas les mêmes, car nos trajectoires sont façonnées par une infinité de facteurs :

  • Le milieu social duquel on est issu·e

  • Le capital culturel qu’on possède ou pas

  • Les discriminations qu’on subit (racisme, sexisme, validisme, LGBTQIA+phobies…)

  • Les obstacles invisibles : trauma, anxiété, précarité, violences, santé mentale

  • Les rapports de pouvoir systémiques : patriarcat, colonialisme, capitalisme

  • L’accès ou non à un réseau, du soutien, une certaine reconnaissance sociale

Si le travail et la volonté comptent (et encore, ce n’est même pas toujours le cas), ils ne suffisent pas à expliquer nos succès ou nos échecs. Et prôner le contraire, c’est faire comme si les inégalités structurelles n’existaient pas. C’est penser qu’on part tous·tes dans la vie d’un même pied d’égalité. En 2025, ai-je vraiment encore besoin de te prouver le contraire ?

Quand le développement personnel relaie (sans le dire) la méritocratie

Le développement personnel tel qu’il est souvent présenté – dans les livres, sur les réseaux sociaux, dans certaines formations – valide l’idée méritocratique sans jamais la nommer.

Avec des messages comme :

“Le positif attire le positif”
“Tu crées ta réalité”
“Si tu veux, tu peux”
“Tes pensées façonnent ton monde”
“Il suffit d’y croire plus fort”
"C'est une question de mindset"

Ces messages ont un air de liberté, d’empowerment – et c’est pour ça qu’ils séduisent – mais ils sont aussi extrêmement culpabilisants. Ils poussent à une hyper-responsabilisation et créent l’illusion que tout dépend uniquement de toi. Souvent, ils s’accompagnent d’une injonction à consommer toujours plus de contenus, de formations, d’outils… pour devenir une version "optimisée" de soi-même. Pour mieux fonctionner dans un système… oppressif.

La partie immergée de l’iceberg

La tendance à regarder la partie visible de l'iceberg

Quand tu es une femme, une personne racisée, queer, en situation de handicap ou en souffrance psychique… Quand tu cumules les rôles, les charges invisibles, les heures non reconnues…

Tu peux avoir très envie d’avancer. Tu peux même le vouloir très fort… et galérer quand même.

Et dans ces cas-là, les injonctions du développement personnel mainstream, au lieu de t’aider, t’écrasent et te font croire que :

  • Si tu n’arrives pas à t’affirmer, c’est que tu manques de volonté.
    Alors que tes difficultés sont le fruit d’une longue histoire de silenciation.
  • Si tu n’obtiens pas de promotion, c’est que tu vibres à la “fréquence de la peur”.
    Alors que structurellement, certains postes restent réservés aux mêmes profils.
  • Si tu t’épuises dans ton quotidien, c’est que tu ne sais pas “gérer ton énergie”.
    Alors que tu tiens seule à bout de bras un foyer, une famille, un emploi.
  • Si tu es anxieux·se, c’est que tu es trop négatif·ve.
    Alors que tu vis dans un monde qui ne te laisse que peu de place.

Ces discours sont parfois une double peine : vivre des oppressions ET s’entendre dire qu’on ne veut pas assez fort.

Mettre des mots justes sur ce qu’on vit permet de reprendre notre juste part de responsabilité, sans se couper de la réalité.

Le développement personnel traditionnel a tendance à regarder la partie visible de l'iceberg : le manque de confiance, le manque d’estime de soi, la difficulté à poser ses limites…

Alors qu’il ignore la partie immergée de l’iceberg

iceberg

Ce que beaucoup d’approches considèrent comme des “blocages individuels” sont en réalité des réponses à des réalités sociales.

Le manque de confiance, de clarté, d’estime de soi, ce n’est pas qu’un problème personnel. C’est souvent la somme d’un contexte, d’un héritage, d’un système.

Tout le monde n’a pas la même disponibilité mentale ni les moyens pour “se développer personnellement”.

  • Faire une pause sans mettre en danger ses revenus
  • Accéder à une thérapie, un coaching, un espace bienveillant
  • Avoir un entourage soutenant
  • Avoir de l’énergie mentale après une journée de travail ou de soin aux autres

Repenser le développement personnel

Plutôt que d’utiliser le développement personnel pour se conformer à un système injuste,

on peut choisir de l’utiliser pour :

  • mieux se connaître, sans se juger
  • prendre soin de soi, comme condition pour tenir, agir, résister
  • remettre en question les normes plutôt que s’y adapter
  • transformer (au moins un peu) ce qui nous entoure

Un développement personnel plus conscient, ancré, politique :

  • Qui reconnaît les réalités sociales et les oppressions vécues
  • Qui n’est pas là pour aller plus vite ou “réussir”, mais pour comprendre, écouter, se relier
  • Qui valorise la nuance, le collectif, la responsabilité partagée

Concrètement, ça change quoi dans les accompagnements de coaching ?

  • On n’accompagne pas pour “aller plus vite” mais pour aller plus juste
  • On remplace les recettes “miracles” et les injonctions par plus d’écoute et de la nuance
  • On ne prétend pas que tout dépend de soi : on regarde aussi les réalités sociales qui influencent ton parcours.
  • On ne te demande pas de “réussir”, mais de te reconnecter à ce qui a du sens pour toi
  • On ne t'invite pas à porter la responsabilité de tout un système mais reprendre ta juste part de responsabilité
  • On ne te pousse pas dans une logique de sur-individualisme, on valorise le lien, la solidarité, les luttes collective et on apprend à s’affirmer sans se mesurer ni écraser les autres.
  • On ne cherche pas à tout résoudre et comprendre, on veille en tant que coach à passer le relai à d’autres professionnel.les (thérapeutes, soignant.es) quand les demandes dépassent notre champ de compétences.

Tu n’es pas juste un individu isolé·e, mais une personne qui évolue dans un système.

Comment accompagner une personne à “prendre sa place” si cette place lui a été systématiquement refusée ? Comment encourager quelqu’un·e à “dire non” sans reconnaître que son non n’a pas toujours été entendu, respecté, autorisé ?

C’est ce que j’appelle un coaching féministe : un accompagnement éthique, situé, déculpabilisant. 

Et si on faisait du développement personnel un peu moins personnel 

Voici des pistes à explorer pour prendre soin de soi ET des autres.

❥ Réfléchir aux conséquences de ses choix sur les autres et l’environnement. Penser à soi aussi ne veut pas dire penser à soi À TOUT PRIX.
  • ❥ Remettre en question les normes sociales qui t’enferment pour t’autoriser à explorer d’autres modèles, désirs, aspirations. 
  • ❥ Apprendre à t’affirmer sans te conformer et sans écraser 
  • ❥ Adopter des comportements et des attitudes qui contribuent au bien-être collectif sans te négliger.
  • ❥ Ne pas minimiser l’importance des petits gestes, des projets et initiatives qui bénéficient à ton entourage, ta communauté locale ou à une cause sociale plus large. 
  • ❥ Contribuer à sa communauté, à une cause sociale, locale, environnementale.
  • ❥ Chercher la collaboration et le partage d’expériences, de connaissances de discussions constructives pour grandir ensemble et pas chacun dans son coin. 
  • ❥ S’écouter et s’entraider.

Et tu sais quoi ? Ces gestes de respect, de considération que tu as envers les autres nourrissent aussi l’estime de soi. Alors ça peut être aussi ça ”faire du développement personnel”.  

En résumé

Non, quand on veut, on ne peut pas toujours.  Oui, tu peux vouloir très fort… et galérer quand même. Non, tu n’es pas responsable de tout. Tu n’es pas juste un individu isolé·e, mais une personne qui évolue dans un système qui ne te favorise peut-être pas toujours.

Tu fais de ton mieux dans un monde qui ne rend pas toujours les choses faciles. Et rien que ça, c’est déjà beaucoup. En avoir pleinement conscience peut déjà être très déculpabilisant. Pour le reste, continuons à dénoncer et lutter collectivement.

Pour aller plus loin