Prendre des décisions quand on a appris à faire passer les autres avant soi
Et si tu avais le droit de te choisir, sans t’excuser de le faire ?
Tu sais ce que tu ne veux plus. Peut-être même que tu commences à y voir plus clair sur ce que tu veux et pourtant, tu n’arrives pas à trancher. Tu hésites, tu culpabilises, tu remets à plus tard… jusqu’à parfois t’oublier complètement.
Si tu te reconnais là-dedans, sache une chose : ce n’est probablement pas qu’un “manque de volonté” ou un “problème de confiance en soi”.
Ce qui te freine dans la prise de décision, ce sont des mécanismes ancrés, des loyautés invisibles et une socialisation qui t’a appris que te choisir, ce serait blesser les autres.
Pourquoi c’est si difficile de faire un choix “pour soi” ?
Dans mes accompagnements, je rencontre très souvent des personnes qui savent ce qu’elles ne veulent plus. Elles arrivent à dire :
- Je ne veux plus m’adapter tout le temps
- Je ne veux plus être celle qui fait les efforts seule
- Je ne veux plus me lever le matin avec la boule au ventre
- Je ne veux plus dire oui alors que tout en moi hurle non
- Je ne veux plus tout donner et tout porter
Et elles réussissent assez rapidement à verbaliser ce qu’elles veulent à la place :
Mettre fin à une relation qui ne leur convient plus
Quitter un poste qui les épuise
Dire non, poser une limite dans une relation
Reprendre leur temps, leur espace, leur énergie
Se prioriser un peu, ou juste ne pas s’oublier complètement
Mais même avec cette clarté, elles n’arrivent pas toujours à passer à l’action seules. Pas par manque de courage ou simple indécision hein, mais parce que quelque chose bloque et résiste très fort à l’intérieur.
Ce blocage prend souvent la forme :
- d’une peur de faire du mal à l’autre,
- d’une peur de décevoir, de ne plus être aimé·e,
- d’une culpabilité qui s’active dès qu’il est question de se prioriser.
Ce n’est pas toi le problème, c’est ce qu’on t’a appris à être
Si tu as du mal à faire passer tes besoins en premier, ce n’est pas un hasard.
Toi aussi, tu as peut-être grandi dans un environnement qui valorisait fortement le fait d’être :
- Douce, conciliante, discrète
Arrangeante, “facile à vivre”
Toujours attentive aux autres, même à ton propre détriment
On t’a peut-être appris, explicitement ou non, que :
- Ton rôle, c’est d’apaiser, arrondir les angles, porter pour les autres
Ton confort passe après
Affirmer un besoin ou dire non, c’est déranger
Ce conditionnement crée une forme de loyauté très puissante envers ta famille, ton rôle dans le groupe, cette image de la “bonne personne”. Quand tu envisages une décision qui se recentre sur toi-même, c’est le bug général et tu as l’impression de trahir cette loyauté.
Comment ça se manifeste ?
Quand vient le moment de prendre une décision importante pour toi :
- Tu doutes de ta légitimité à faire ce choix
- Tu passes ton temps à évaluer l’impact sur les autres
- Tu procrastines en espérant qu’une solution “idéale” surgisse
- Tu cherches des signes extérieurs ou la validation qui te diraient “tu as le droit”
- Tu ressens une énorme culpabilité rien qu’à l’idée de t’affirmer
- Tu entends cette petite voix qui te dit…
Au point de finir parfois par ne rien faire et par rester et ravaler ta frustration.
Se choisir n’est pas être égoïste
Dans une société où les femmes et personnes socialisées comme telles sont valorisées pour leur sacrifice, leur dévouement, leur disponibilité, oser choisir pour soi est vu comme un acte radical parfois même égoïste.
Ici on apprend à se choisir oui, mais sans écraser les autres. Choisir pour toi, c’est simplement affirmer que ta place, ton temps, ton énergie, tes besoins ont autant de valeur.
Oui, nos décisions ont parfois des conséquences sur les autres, sur notre environnement. C’est précieux de pouvoir le reconnaître. Mais tenir compte de notre impact ne veut pas dire s’oublier systématiquement.
Il existe une zone entre “tout pour moi” et “rien pour moi” : un espace lucide et nuancé dans lequel tu peux prendre ta place tout en respectant les autres.
Et si on changeait la question ?
Quand tu es face à une décision difficile, plutôt que de partir dans :
- Qu’est-ce qui dérangerait le moins ?
- Qu’est-ce que les autres attendent de moi ?
- Qu’est-ce qui ferait le moins de peine à x ou y ?
Tu peux essayer de te demander :
- Qu’est-ce qui est juste pour moi aujourd’hui ?
- Et si je m’autorisais à exister pleinement, je choisirais quoi ?
- Si une personne que j’aime était dans ma situation, qu'est-ce que je lui dirais ?
- A quoi suis-je prête à renoncer ?
Quelques pistes pour t’aider à y voir plus clair
Quelques leviers à explorer si tu es dans une phase de doute, de transition ou de décision
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A retenir…
Ce n’est pas trahir les autres que de te choisir. C’est te rappeler que tu fais aussi partie des personnes à respecter, à écouter, à considérer.
Et si cette idée te dérange encore un peu, c’est normal. Ce n’est pas toi qui es défaillante. C’est peut-être simplement qu’on t’a appris l’inverse pendant des années : te taire, t’effacer, te conformer et prioriser les autres.
Continuer de prendre soin des autres, c’est vraiment précieux dans une société qui nous pousse à l’individualisme. Mais tu as le droit de réapprendre aussi à te choisir. Prendre soin de soi, c’est aussi se laisser la chance de prendre soin des autres plus sainement et sereinement.
Trouver ce juste équilibre, c’est ce qu’on apprend ensemble dans nos accompagnements.