Ralentir sans culpabiliser : comment s’écouter dans un monde qui va trop vite
Et si tu faisais exactement l’inverse ?
Quand tout te pousse à accélérer, à en faire toujours plus, à cocher toutes les cases, et si tu faisais exactement l’inverse ?
Ralentir sans culpabiliser. Arrêter de faire à tout prix.
Cet article est ton rappel : tu as le droit de ralentir, de souffler, sans être dans l’action ou la productivité. Ralentir n’est pas une faiblesse mais une stratégie consciente pour te reconnecter à tes choix, ton corps, et ce qui fait sens pour toi.
Sauf que… ce droit reste aussi un privilège. Tout le monde n’a pas les mêmes marges de manœuvre pour ralentir : charge mentale, enfants, précarité, contraintes professionnelles. Ralentir demande des ressources qu’on n’a pas toujours. Reconnaître cette nuance, c’est refuser le discours culpabilisant du “il suffit de” et se rappeler que notre bien-être est politique.
Dans notre société, prendre du temps pour soi, s’octroyer du temps non productif est mal vu : “le travail c’est la santé”, “il ou elle profite du système”, “il ou elle ne fout rien”. Ces injonctions bien intériorisées agissent comme une forme de contrôle sur nous et les autres.
Dans cet article je te propose de comprendre pourquoi ralentir est nécessaire (et politique) et comment y parvenir sans culpabilité toxique.
Pourquoi on a besoin de ralentir
Dans notre société capitaliste, l’effort, le sacrifice et la performance sont valorisés au détriment de la santé, du bien-être et de la vie personnelle. On nous apprend très tôt que “valoir quelque chose”, c’est faire.
Tu n’es pas convaincue ? Faisons un petit test : Que dis-tu en premier lorsque tu te présentes à quelqu’un.e ? “Je suis prof”, “je travaille dans le social”, “je fais de la com”, “je suis à mon compte”... Rarement : “je suis curieuse”, “je suis drôle”, “je suis une amie fidèle”, “je suis vivante”.
On se définit donc souvent par ce qu’on fait, plus rarement par ce qu’on est. Et quand on ne fait rien, ou qu’on fait moins, la culpabilité s’invite : “je perds mon temps”, “je sers à rien”, “j’en fais pas assez”
Cette petite voix, est-elle vraiment la tienne ?
Ralentir, un acte de désobéissance ?
Ralentir, c’est désobéir à une socialisation qui nous pousse à croire que notre valeur dépend de ce qu’on accomplit. C’est redonner de la place à nos besoins, désirs, valeurs plutôt qu’à des normes qui nous épuisent.
Cette injonction à faire à tout prix n’est pas neutre. Elle exclut celles et ceux qui, pour des raisons multiples (âge, handicap, maladie, deuil, maternité, précarité…), ne peuvent pas suivre le rythme que la société attend.
Quand la performance devient un critère de valeur, certaines vies sont jugées utiles, méritantes, efficaces tandis que d’autres sont qualifiées d’assistées, de charge.
Ralentir devient alors un acte politique : une manière de dire “je ne veux plus valoir uniquement par ma productivité."
Redéfinir notre valeur
Se donner la permission de ralentir, c’est s’autoriser à exister pour soi. Cela implique :
- Observer ses rythmes et besoins réels
- Questionner ce qui motive nos actions : plaisir, obligation, peur, pression sociale ?
- Reconnecter nos choix avec nos valeurs, plutôt qu’aux attentes extérieures
- Accepter que “ne rien faire” est une forme d’action
- Se rappeler que notre valeur ne se mesure pas à notre utilité
Les conséquences de notre rythme imposé
Cette course permanente a des impacts concrets :
- Fatigue mentale et émotionnelle : cette impression de courir sans jamais arriver nulle part
- Épuisement physique : tensions, douleurs, troubles du sommeil, nervosité
- Perte de clarté dans les choix : on agit par automatisme plutôt que par envie
- Déconnexion de soi : on n’écoute plus son corps, ses émotions, ses limites
- Conformité aux schémas imposés : on vit en pilotage automatique, souvent éloigné de nos valeurs
Ralentir en s’affirmant et en posant ses limites
Ralentir implique "faire moins" mais aussi reprendre la main sur son temps, ses priorités, ses désirs.
Dire non et demander de l’aide
Dire non est une façon de ralentir. Chaque refus est un oui à ton espace, ton repos, ton temps...
C’est aussi apprendre à déléguer, partager la charge, accepter nos limites sans honte en demandant de l’aide. Cela revient à dire :
“Je ne peux pas tout faire, et ce n’est pas un échec. Ma valeur ne dépend pas de ma capacité à tout assumer seul.e.”
C’est également une façon de redistribuer la charge émotionnelle, mentale, domestique, professionnelle...
Vérifier ses choix, valeurs & priorités
Ralentir permet de prendre du recul et regarder nos actions avec un œil critique.
Et se demander :
- Mes relations me nourrissent-elles ?
- Mon travail respecte-t-il mes limites et mes besoins ?
- Mes projets viennent d’un vrai désir ou d’une pression sociale ?
- Mon rythme de vie me correspond-il vraiment ?
- Qu'envisager individuellement et collectivement pour me sentir mieux ?
Écouter les signaux de son corps
Ralentir, c’est aussi réapprendre à écouter son corps et les signaux qu’il nous envoie: faim, tension, fatigue, souffle.
Notre corps est un allié pour nous montrer où se situent nos besoins, nos valeurs, nos limites. Les ignorer, c’est les amplifier. Les besoins qu’on tait finissent toujours par revenir, plus fort.
Astuce pratique Programme un
rappels sur ton téléphone pour vérifier tes sensations : que se passe-t-il dans mon corps et que vient-il me signifier ?
Ralentir est un privilège
Ralentir n’est pas accessible à tous.tes
Ralentir est un luxe pour beaucoup. Ralentir est plus facile lorsqu’on a des ressources, qu’on n’est pas isolé·es, minorisé.es, qu’on couvre ses besoins de base, ou encore quand on peut dire non sans risquer de tout perdre.
Pour cette raison que ralentir n’est pas qu’une affaire individuelle, mais bien en lien avec un système inégalitaire et injuste.
L’entraide comme leviers
Si le système ne nous permet pas de ralentir seul.es, alors peut-être qu’on peut le faire ensemble ?
Par exemple, en créant des espaces collectifs de repos, d’écoute et d’entraide.
- Cuisiner ensemble pour plusieurs jours
- Se relayer pour garder les enfants
- Offrir une soirée de pause à une amie surchargée
- S’organiser à plusieurs pour alléger une charge administrative ou mentale
- Créer des moments d’échanges, de partage, de décharges.
Les bénéfices concrets de ralentir
Ralentir peut transformer le quotidien .
Les effets sont visibles à l’échelle individuelle et collective
- Plus de clarté dans tes choix
- Plus de présence
- Moins de fatigue émotionnelle et mentale
- Meilleure santé
- Plus de lien avec les autres
- Une conscience plus fine de tes limites et de ton pouvoir d’action
10 actions concrètes pour commencer à ralentir
- Vérifier si tes actions reflètent tes valeurs
- Prendre une pause sans culpabilité
- Partir marcher sans ton téléphone
- Respirer ou méditer 5 minutes.
- Mettre un rappel sur ton téléphone pour checker tes sensations corporelles
- Faire une chose à la fois
- Dire non à une sollicitation externe (demande, invitation..)
- Prendre un repas en conscience, sans écran.
- Fermer la messagerie à heure fixe
- Refuser au travail une tâche “urgente” non rémunérée
Ralentir est un choix politique
Notre société capitaliste n’a pas intérêt à ce que tu ralentisses. Si tu attends de mériter le droit de te reposer, tu risques d’attendre longtemps. Ralentir, c’est reprendre le contrôle de son temps et de son énergie.
Ralentir nous permet de recréer du lien, d’expérimenter d’autres façons d’être au monde et inspirer une société moins pressée, plus consciente et plus solidaire. C’est réaffirmer que nos vies ont de la valeur même dans le repos, la lenteur, la non productivité.
Rappelons-nous collectivement et autant que nécessaire :
Nous ne sommes pas des machines à produire.
Notre valeur ne dépend pas de ce qu’on fait.
Le repos et la lenteur ne sont pas des faiblesses.
Alors autant que possible, octroyons-nous ce droit et luttons collectivement pour qu’il devienne accessible à tous.tes.
N'hésite pas à partage cet article à une personne qui ne s’autorise pas à ralentir.